Qu’est-ce que la vidéosurveillance algorithmique ?

Bien plus réel qu’un mythe conté autour d’un feu de camp en été, l’intelligence artificielle semble gagner du terrain de jour en jour. Elle s’installe dans notre quotidien et son impact touche de nombreux aspects. Jamais les Dieux de la Grèce Antique n’aurait cru qu’aux Jeux de la XXXIIIe olympiade, une caméra munie d’une IA pourra filmer et analyser en temps réel le comportement des personnes présentes durant les événements.

Mais il semble que le besoin de sécurité d’aujourd’hui l’exige. Entre les menaces terroristes, les cyberattaques, les manifestations, et les risques de petite délinquance, il y a de quoi faire. Les responsables se doivent d’innover. En avant-garde technologique, les systèmes de vidéosurveillance algorithmiques (VSA) se sont imposés comme clé de voûte de la politique sécuritaire des JO Paris 2024. Sujet controversé qui a suscité de nombreuses opinions.

Comment fonctionne la vidéosurveillance algorithmique ?

Un système de vidéosurveillance algorithmique ou de vidéosurveillance augmentée/intelligente dispose d’une caméra de surveillance comme toutes les vidéosurveillances dites “classiques”. La différence est que la VSA s’enrichit d’une couche d’algorithmes visant à automatiser le traitement des images captées. Celles-ci sont ainsi analysées en continu et en temps réel pour pouvoir identifier ou détecter des événements que l’algorithme aura appris à repérer.

JO Paris 2024 : l’ère de la sécurité intelligente controversée

Les préparatifs pour les Jeux Olympiques de Paris sont à leur comble. La capitale est prête comme jamais à accueillir les événements. Face aux menaces qui planent, la France a autorisé, dans la loi des Jeux Olympiques et Paralympiques du 19 mai 2023, l’utilisation des caméras de vidéosurveillance algorithmique. Grâce à l’algorithme dont elles sont équipées, ces dernières pourront détecter huit types d’événements jugés délétères :

  • Un début d’incendie ;
  • Une circulation à contre-sens ;
  • Une intrusion dans une zone interdite ou sensible ;
  • Un mouvement de foule ;
  • Une personne gisant au sol ;
  • Une densité de personnes anormalement élevée ;
  • Un colis ou un bagage abandonné ;
  • Une présence ou un usage d’armes.           

Ces divers événements ont été mis à l’épreuve durant deux différentes manifestations : lors d’un concert du groupe Black Eyed Peas donné dans la salle du Paris La Défense Arena et à l’occasion du match de Ligue 1 opposant le PSG à l’OL au Parc des Princes. Il s’agissait de simples tests de calibrage.

Pourtant, à quelques mois seulement des JO Paris 2024, l’autorisation de la vidéosurveillance algorithmique crée encore de nombreuses polémiques. Si les partisans du système y trouvent une ouverture favorable pour la sécurité et la surveillance, ses détracteurs dénoncent son intrusivité dans notre vie privée. Selon eux, le fait de se sentir surveillé, qui plus est par des algorithmes, peut conduire les personnes à s’auto-censurer et à ne pas exercer leurs pleins droits.

L’utilisation de la vidéosurveillance par algorithme comporte également un risque de stigmatisation. En se basant sur les huit types d’événements, les caméras disposent de données d’apprentissage. Pourtant, le fossé entre ces données et les biais discriminatoires n’est pas si important. Les algorithmes pourront facilement condamner des jeunes traînant dans la rue comme “suspects” car leurs comportements vont au travers des normes qu’ils auraient acquis.

Vers la reconnaissance faciale : la ligne à ne pas franchir

Malgré les polémiques, la loi olympique se veut rassurante : il n’y aura pas de reconnaissance faciale, pas d’analyse comportementale, pas d’identification de plaques d’immatriculation, pas de recoupement avec les fichiers. Les logiciels ne sont pas entraînés au-delà des huits événements qui se basent principalement sur l’analyse de silhouette. Il est alors impossible de repérer ou de rechercher un individu précis.

Conclusion

Si l’association de l’algorithme aux caméras de surveillance a éveillé plus de peur que d’espoir, le fait d’adopter cette technologie à titre expérimental pourrait calmer les esprits. Jusqu’en mars 2025 seulement, elle pourra s’utiliser même en dehors des jeux, pendant les manifestations sportives, récréatives et culturelles. Toutefois, cette première expérimentation risque d’être une étape sans retour. Au vu des menaces actuelles, notre avancée vers l’automatisation complète de nos systèmes présage une future réglementation pour la vidéosurveillance assistée par l’IA.


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